LA LÉGENDE DE NUÂ- Â
A cette époque, il advint qu’une effroyable tempête bouleversa la mer jusqu’en ses abîmes, des maisons furent renversées, des arbres déracinés … La mer franchit des digues et s’épandit bien avant dans les terres, portant la désolation et ravageant les récoltes. Quand elle se fut retirée, parmi les vases, les sables… elle laissa un fléau bien terrible : c’était un énorme serpent de la grosseur d’un cheval… sa peau rude et écailleuse était couverte de larges taches d’un gris d’ambre sablé sur fond roussâtre. « Oncques ne vit plus affreuse bête ! » Elle avait deux pieds crochus armés de griffes aigües, mais surtout avait la queue horrible, terminée par un dard… elle allait et venait, s’agitait avec grande souplesse et agilité… de chaque côté de son corps s’allongeaient deux nageoires, semblables à des ailes de chauve-souris… son cou d’une longueur prodigieuse, terminé par une tête la plus grosse et la plus laide qui ne fut jamais vue… avec de longues oreilles aussi dures que les cornes d’un taureau sauvage… une gueule béante s’élargissant à volonté et garnie de six rangées de dents tranchantes… « duquel monstre l’haleine était pestiférée ! » Il poussait une espèce de hurlement caverneux exprimant ces trois syllabes : « Nuâ-â-â » et le répétait quand quelque proie venait à sa rencontre et excitait sa rage sanguinaire… finalement « était le dit serpent un composé des choses les plus vilaines et les plus terrifiantes » Depuis six mois il ravageait le pays, dévorant les troupeaux, voire les bergers, les femmes et les enfants à portée de ses atteintes… Que l’on se rassure cependant ! C’est dans les pires circonstances que surgit toujours le héros. Ainsi la légende nous apprend que le chevalier Linstang , au péril de sa vie, se porta à l’encontre de l’horrible bête et plongea « si avant sa dague, premièrement ès l’œil du serpent, deuxièmement ès tempe, tiercement ès cœur d’icelui que le dit dragon tomba sur le flanc, jetant cris horrifiques et rendît l’âme. D’icelle bête occise par son bras, le chevalier coupa la tête et incontinent la porta au seigneur de Caboran, lequel tint sa promesse en accordant la main de sa fille au preux et vaillant jeune homme ». Tel fut le dénouement heureux d’une aussi sombre histoire, vécue semble-t-il bien avant l’an mil ! Grâce à son riche mariage notre héros fit bâtir un château, sur la pointe du promontoire battu jadis par les eaux de la mer. Cet édifice et ses alentours reçurent le nom de Nuaillé, mot composé de Nuâ-â, en hommage à son fondateur, et de « Aillé » vieux mot celte signifiant humide, entouré d’eau. Ainsi expliquerait-on l’origine du nom de notre village ! |
• Archives publiées grâce à l’aimable concours de Monsieur Jean-Pierre Pelletier |
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